Didier Fassin Du clandestin officieux Les réseaux de vente illicite des médicaments au Sénégal* En marge des réseaux officiels des dispensaires et des pharmacies il existe dans le tiers monde des réseaux clandestins de distribution des médicaments Parfois signalés incidemment dans la littérature sur les systèmes de santé ou utilisation des produits pharmaceutiques Abo- sede 1984 Michel 1985) le plus souvent pas même mentionnés Silver man Lee Ly decker 1982 Peretz 1983) ces réseaux semblent avoir fait objet aucune étude spécinque alors ils alimentent régulièrement dans la presse locale et dans opinion publique Bart 1983) des polémiques sur les dangers ils représentent pour la santé de la population Ce silence est probablement dû pour une large part la difficulté de parvenir une connaissance scientinque de pratiques que leur caractère illicite et la réprobation dont on les entoure éloignent de intérêt des médecins et des chercheurs Le développement actuel particulièrement en milieu urbain de ce phénomène qui est plus marginal mais donné naissance un véritable secteur parallèle de commercialisation des produits pharma ceutiques conduit une double interrogation pourquoi la société produit-elle ou tolère-t-elle du clandestin en matière de soins Et quel est impact sur la santé individuelle et collective de ces pratiques illicites est la première question que nous tenterons de répondre ici grâce aux éléments recueillis au cours une enquête dans la communauté urbaine de Dakar sur les marchés de Pikine où achètent et se vendent des médicaments dans les circuits parallèles de distribution travers
Ce travail été réalisé dans le cadre de unité de recherche 401 de 1ORSTOM Urbanisation et santé Je souhaite exprimer ma reconnaissance aux enquê teurs de 1ORSTOM Pikine Ibrahima Maabo Badji Ablaye Traore et Jacques Ndiaye Je voudrais remercier également les vendeurs qui ont accepté de se raconter démontrant ainsi ils étaient pas ces délinquants que les journaux stigmatisent mais des hommes sans travail cherchant dans ce commerce illégal et pourtant reconnu des ressources pour leur famille et le plus souvent impliqués dans une structure politico-religieuse qui les dépasse et les protège
Cahiers tudes africaines g8 XXV-2 1981 pp -é
